En 2012, l’INSERM (Institut de la santé et de la recherche médicale) publie une étude révélant l’obsession des Français pour les régimes.
En France,
– sept femmes sur dix et un homme sur deux aimeraient perdre du poids
– près de 30% des femmes ont déjà suivi cinq régimes dans leur vie et 9% en ont déjà fait plus de dix.
Interrogés sur leurs motivations, les participants ont apporté des réponses très différentes :
49,6% des sondés ont répondu : « pour se sentir mieux », 12,4% ont invoqué des « raisons esthétiques » et enfin 11,8% des « problèmes de santé liés au surpoids ».
Cette étude soulève également des phénomènes inquiétants : dès l’âge de 10 ans certains commencent un régime et d’autres vont en suivre jusqu’à 5 à 10 au cours de leur existence.
« Tout se passe comme si le régime devenait une obligation. Les images de corps idéal projetées par les médias parasitent totalement la perception que les gens ont de leur image corporelle »,
conclut Serge Hercberg, professeur de nutrition à la faculté de médecine de Paris-XII et directeur de l’unité nutrition de l’Inserm.
Chaque année, au printemps c’est la même chose, des centaines de Unes de magazines vous expliquent comment perdre 3 kg en une semaine sans s’affamer afin de pouvoir se montrer décemment en maillot de bain cet été…


Dukan, Atkins, Naturhouse,…les méthodes se multiplient et ne se comptent plus.
Malheureusement, le résultat reste le même. Les kilos perdus sont au final systématiquement repris avec le temps, et bien souvent on en gagne même 1 ou 2 de plus en prime. C’est le fameux effet « yo-yo », effet qui s’accélère à chaque régime.
En 2012, Mickael Rosenbaum, professeur à l’Université de Colombia, publie des études pouvant expliquer ce mécanisme.
Après un régime, les muscles ont besoin de moins d’énergie et de nutriments pour fonctionner. Ainsi si on augmente à nouveau les quantités d’aliments consommées, le surplus non utilisé sera stocké, le poids perdu sera repris et la stabilisation du régime, un échec.
Dans cette logique, il convient donc de diminuer les quantités ingérées par rapport à une personne du même poids n’ayant pas suivi de régime.
De plus, les mécanismes du circuit de récompense du cerveau se trouvent altérés après un régime et les messages envoyés incitent à manger une quantité plus importante de nourriture.
En effet, pour qu’une personne qui a suivi un régime se sente satisfaite de ce qu’elle mange, elle devra consommer davantage qu’une personne n’ayant pas suivi de régime.
Le Docteur Jean-Michel Lecerf, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques (obésité, diabète,…) et chef du service de nutrition à l’Institut Pasteur de Lille, soutient cette théorie :
‘Un régime restrictif (hypocalorique, hypoglucidique) va entraîner une perte de masse maigre (masse musculaire, masse osseuse).
La nécessité de fournir 140 g de glucose quotidiennement au cerveau conduit le corps à détourner des protéines musculaires, ce qui va générer une diminution de la masse musculaire, et par conséquence du métabolisme de base et des dépenses énergétiques.
Cela favorise la reprise de poids dès que le sujet se remet à manger davantage, du fait notamment d’un sentiment de manque.’
Il revient également sur les conséquences de ces régimes inappropriés :
‘Les premières d’entre elles sont les troubles du comportement alimentaire.
On parle de restrictions cognitives avec des phases de culpabilité (« je n’aurais pas dû manger cela ») et de frustration (« je voudrais en manger mais je ne peux pas ») ;
des pertes de repères alimentaires (on pense en bons et mauvais aliments) ce qui génère de l’angoisse, des difficultés à ressentir la faim et le rassasiement ;
et bien sûr divers sentiments négatifs (mésestime de soi, sentiment d’être nul, autodépréciation…).
‘Les tenants des régimes laissent entendre qu’il y a une solution unique : manger moins. Avec une telle approche, on est presque sûr de rater son coup. La majorité des personnes suivant des régimes sont en échec au bout de quelques années’, conclut-il.
Mais que faut-il faire alors ?
Tout simplement en finir avec les régimes amaigrissants (voir ne jamais les commencer, pour les plus jeunes), rétablir une alimentation normale, et réapprendre à écouter ses sensations alimentaires (faim, satiété).
On retrouve ainsi, naturellement, son poids d’équilibre.
Lors des consultations, j’insiste beaucoup sur le fait que la chrononutrition n’est pas un régime mais bien un rééquilibrage alimentaire.
La chrononutrition apporte protéines, glucides, lipides. Au quotidien, on consommera fruits, légumes, viande, féculents, poisson, etc.
Tous les aliments sont autorisés (même les aliments trop souvent ‘diabolisés’ : charcuterie, fromage, chocolat,…), à condition de les manger en bonne quantité et au bon moment .
La chrononutrition n’est donc ni restrictive, ni privative. Elle n’est pas non plus basée sur le système de contrôle des calories.
La chrononutrition n’est pas un régime.